L’agoraphobie est la peur de montrer des signes d’anxiété ou la peur de ressentir les symptômes physiques d’une attaque de panique. En d’autres termes, cela pourrait être défini comme la peur de la peur elle-même. Comment apprendre à vivre avec l’agoraphobie ? Le psychiatre est amené à apporter des éclaircissements.
Anxiété, sueurs, nausées, sensation d’étranglement, « coupé soufflé », etc. Pas de doute, c’est une attaque de panique en devenir. Mais les choses se compliquent lorsque l’anxiété naît de la peur de ressentir ces symptômes. En 1871, le neuroscientifique et psychiatre allemand Carl Westphal a inventé le terme « agoraphobie » pour décrire ce type spécifique de peur extrême.
Le spécialiste des troubles de l’humeur et de l’anxiété, déclare : « Aujourd’hui, on parle davantage de peur que de peur et d’anticipation anxieuse ». Bien que l’agoraphobie soit souvent assimilée à l’anxiété de la foule ou à la peur des espaces clos, elle n’est pas exclusive à de tels environnements.
Plus largement, ce problème correspond à la peur d’éprouver de l’anxiété, ou une panique, dans une situation donnée pour laquelle fuir ou appeler à l’aide peut être difficile (par exemple prendre les transports en commun, être au milieu d’une foule, dans un magasin ou dans une file d’attente…).
L’agoraphobe est terrifié par l’anxiété
Étant donné que la perception du risque de l’agoraphobe est disproportionnée par rapport à la menace réelle, la victime évite ces circonstances à tout prix. Elle peut également s’inquiéter d’un résultat négatif plus concret (comme une attaque de panique ou des symptômes physiquement embarrassants ou débilitants).
Selon le psychologue français Franck Peyré, l’agoraphobie se développe lorsque les gens se sentent impuissants face aux symptômes physiques de l’anxiété. Des expressions effrayantes telles que « flottement vertigineux, sensation de mort imminente, sensation de chute, impression de devenir brumeux… » sont des symptômes classiques des crises de panique que l’agoraphobe peut craindre sans jamais les avoir éprouvées.
Il s’agit donc d’une phobie intéroceptive, c’est-à-dire centrée sur les manifestations corporelles. Craignant ses propres sentiments physiques, l’agoraphobe adapte son comportement pour ne pas les ressentir, en évitant le plus souvent les situations sources de panique. Elle peut être capable de tolérer ces circonstances si elle est en compagnie d’un ami ou d’un parent de confiance, ou elle peut en souffrir avec une appréhension ou une nervosité extrême.
A lire aussi : qu’est-ce que le trouble de stress post-traumatique ?
Traitement de l’agoraphobie
Ces problèmes sont reconnus & décrits dans les classifications internationales, ce qui permet aux psychiatres et aux psychologues de les diagnostiquer de manière fiable. Mais quelles sont les options de traitement disponibles une fois le diagnostic posé ? « Pour l’agoraphobie pure, lorsqu’elle n’est pas associée à un autre problème, il n’y a pas de traitement médicamenteux.
Les médicaments peuvent atténuer les symptômes, mais ils ne les élimineront pas », précise le Dr Peyré Ainsi, la thérapie comportementale et cognitive est la seule méthode éprouvée pour traiter l’agoraphobie (TCC). Thérapie de quelques mois à quelques années, dans le but de remplacer les croyances négatives et les comportements inappropriés par des comportements plus réalistes.
Pour le psychiatre, « L’important dans cette thérapie est l’analyse fonctionnelle : comprendre comment fonctionne la difficulté et pourquoi elle persiste malgré tous les efforts du patient. » Le patient fait un véritable effort d’apprentissage avec la TCC pour prendre conscience de ses propres ressources internes.
Les stratégies qu’il a utilisées pour gérer son anxiété et réduire ses symptômes seront détaillées (comme ne jamais s’aventurer seul ou porter des lunettes noires pour s’isoler). Une fois ces schémas reconnus, il faut les combattre car « ce sont les comportements de précaution ou de sécurité qui alimentent les cercles vicieux », prévient le psychiatre. Le TCC vous apprendra à « apprivoiser » l’anxiété en vous aidant à « faire comprendre au patient que l’anxiété n’est pas synonyme de catastrophe ».
L’agoraphobe « ne doit pas se juger comme une personne faible »
Le fonctionnement personnel, familial, social, éducatif et professionnel d’un phobique peut tous souffrir lorsque les symptômes persistent pendant plus de quelques mois. En conséquence, il peut devenir trop dépendant des autres s’il n’apprend pas à accepter ses peurs.
Le psychiatre observe, « C’est souvent le cas pour un agoraphobe en couple qui dépendra entièrement de son conjoint. » Comme le dit le psychiatre, « il existe une sorte de souffrance partagée, d’incompréhension, de harcèlement qui nécessite parfois de consulter un spécialiste pour obtenir de l’aide » tant pour le partenaire du phobique que pour ses proches.
Et quant à l’individu agoraphobe, « si elle obtient de l’aide peu de temps après les premiers signes de maladie, elle trouvera beaucoup plus facile d’acquérir les nouvelles compétences nécessaires. Il ne faut en aucun cas qu’elle se considère comme une personne faible », recommande le psychiatre.